Dans la musique, les nombres 3 et 5, interviennent de diverses façons. Ils sont, entre autres, à la base des théories musicales de la consonance. C'est ainsi que le 3 sert à former l'intervalle appelé "quinte" . De même, le nombre 5 permet d'obtenir l'intervalle de tierce majeure.
Attention !!! Vous avez bien lu ! La quinte ( formée à partir du nombre 3) est appelée ainsi car elle occupe le 5è rang dans la gamme; alors que la tierce (formée à partir du nombre 5) occupe, elle, le 3è rang dans la gamme.
Les nombres 3 et 5 sont également omniprésents dans la construction des 5 polyèdres réguliers dont parlent, entre autres, Platon ou Euclide. Puisque, à l'exception du cube, toutes leurs faces sont des triangles (3 côtés) ou des pentagones ( 5 côtés).
3 et 5 sont également très présents dans le rythme musical, mais, curieusement, la polyrythmie qu'ils forment entre eux n'est pas très souvent pratiquée.
Voici 2 exercices simples qui, selon moi, constituent un excellent exercice pour tout musicien.
Pour les pratiquer correctement, observez bien la syllabe qui correspond à chaque battement de pied.
N.B. Ceux qui ne sont pas familiers avec la prononciation des syllabes rythmiques utilisées ici, peuvent se reporter à la vidéo des Cahiers du Rythme.
Ce sont des thèmes dont les compositeurs ne sont le plus souvent pas identifiés, dont l'origine se perd dans la nuit des temps et qui peuvent être fredonnés sans accompagnement et sans arrangement par tout un chacun.
Quelques exemples, Au Clair de la lune, Frère Jacques, Savez-vous planter les choux.
Par leur simplicité, ces thèmes ont un caractère universaliste.
Mais "les plus simples" ne signifie pas forcément simplistes. Et il est souvent intéressant d'observer leur construction.
Exemple : A la claire fontaine
Cette mélodie n'utilise que 4 notes : tonique, seconde, tierce et quinte. Par rapport à la tonique, les 3 autres notes forment des intervalles simples et correspondent à des consonances naturelles très faciles à chanter.
Pour mieux comprendre sa construction, simplifions encore la mélodie en supprimant les notes placées sur les parties faibles du temps.
On observe que cette mélodie est construite essentiellement à partir de 3 notes (tonique, 3ce 5te). Le IIè degré (Ré) n'est utilisé qu'à la fin du pont pour amener la réexposition du thème principal.
Pour le reste, l'histoire racontée par cette mélodie peut se résumer comme un voyage aller/retour de la tonique au point culminant constitué par la 5te (le climax, diraient les musicologistes) en passant par la tierce (ici, la note la plus utilisée).
C'est limpide comme de l'eau claire ! Aucun besoin de bagage théorique pour écrire une telle mélodie. Mais pas forcément aisé à produire.
L'adage est bien connu : " En art, il n'est pas toujours facile de faire simple".
France Inter m'a fourni une bonne occasion de rire en ce Lundi Matin plutôt gris.
La chronique du dernier disque de Paul Mac Cartney y était illustrée par des extraits musicaux qui ne dépassaient pas 5 secondes.
Le résultat n'aurait pas déplu à Karlheinz Stockhausen qui, dans Hymnen a compressé ou étiré à l'extrême le temps musical. Mais ici, dans le cadre d'une chronique musicale, à force de réduire les durées des extraits musicaux, on touche à un absurde qui évoque l'univers des Shadoks.
Cela fournit l'occasion d'une réflexion sur le temps musical.
L'inspiration, tous les compositeurs le savent a souvent un côté soudain, quasi instantané. A l'opposé, l'achèvement d'une composition et plus encore la réalisation d'un disque représentent un travail de très longue haleine (Mac Cartney a mis 6 ans pour achever son disque).
Si maintenant on se place du côté de l'auditeur, prenez la plupart des thèmes musicaux qui se sont imposés dans l'histoire de la musique ( le thème de la 40è Symphonie de Mozart, une Gymnopédie de Satie, une chanson des Beatles, un standard de jazz...). Tous ces thèmes prennent leur sens au bout d'une ou 2 minutes minimum. Ensuite, selon le style on peut développer un peu (une chanson) ou adopter une forme plus longue (une symphonie). Mais que faire avec des durées plus courtes ? Même Au clair de la lune demande une quarantaine de secondes pour faire sens.
Tout ceci est fort intéressant. Mais je dois m'arrêter là. Il est dit qu'un blog doit rester court !
Dans le processus de création, les émotions jouent un rôle crucial.
Voici un court poème, "April 7, 1969", de l'écrivain américain Richard Brautigan (1935 / 1984) qui résume bien le sujet.
I feel so bad today that I want to write a poem. I don’t care: any poem, this poem.
Difficile d'être plus lapidaire ! Et pourtant l'essentiel est dit.
J'espère que vous apprécierez ce texte auquel son humour abrupt confère un parfum zen (Brautigan a beaucoup séjourné au Japon).
Mais, pour ceux qui trouveraient ce poème trop sibyllin, j'ai quelque peu developpé ce sujet dans le chapitre "Blues" de mon ouvrageAbécédaire de la Composition.
Car cet aspect recèle plusieurs pièges pour le créateur et doit donc être clairement compris.
A major chord is defined by the following succession of semitones : 4 / 3 / 5.
Exemple. From C, we'll get : C / E / G / C
If we reverse this succession of semitones 5 / 3 / 4, we'll get C / F / Ab / C which is an inversion of a minor chord.
These two chords form a couple (major / minor). Each one being the mirror of the other one.
Let's now take a major scale. Its succession of semitones is : 2 / 2 / 1 / 2 / 2 / 2 / 1.
If we reverse it : 1 / 2 / 2 / 2 / 1 / 2 / 2 .
Starting from C it gives : C Db Eb F G Ab Bb C which is a Ab major scale started from the C.
The major scale is its own mirror.
The conclusion is that some musical structures (chords or scales) are forming couples with their mirror, whereas some other are similar to their mirror and could be qualified as "hermaphrodites".
In african music, the two following claves are very often used rhytmic archetypes .
If we just replace the term "eight note" by "semitone", we discover that, on a keyboard, the white keys, and the black keys reproduce the same two structures : the rhythm of the semitones is analog to the rhythm of the eight notes (2 2 1 2 2 2 1 and 2 3 2 2 3 ).
This particular characteristic of the chromatic scale, induced me to imagine a "rhytmic" approach of the harmony : choose a chord or a scale, inside the chromatic scale is analog to choose a "rhythm" of intervals.
To explain some aspects of my work as a composer, I sometimes used the expression : "Harmonize rhythms and rhythmize harmonies".
Obviously, it just a formula for expressing in a few words, something more complex.What does mean, in this context "rhythmize harmonies" ?
Here is a short example, coming from my composition "Sur 8 notes".
In this composition, I used the following eight-tones scale :
It is a rather unusual scale, without any relation to a specific tonality.
The process used here for building harmonies is similar to the one used with the major scale, where the chords are built with leaps of 2 degrees.
In "Sur Huit Notes" the chords are built with alternate leaps of 2 and 3 degrees. In this case, this "rhythm" ( 2/3) allows to get interesting harmonies from this eight-tones scale.
I used these harmonies, with openvoicings in the left hand part of the composition
La Danse des Impalas est une composition dont le point de départ est une clave africaine à 5 temps que m'a fait connaître, Ray Lema, un musicien originaire de la République Démocratique du Congo.
Le thème principal est construit sur cette clave
2/3/2/2/2/2/2/3/2
Ensuite, j'ai développé librement la composition en utilisant d'autres métriques (3/4 et 11/8).
Utiliser des métriques inhabituelles dans la composition suscite souvent de nouvelles idées mélodiques. Par ailleurs l'instrumentation du groupe French Keys se prête idéalement à l'interprétation d'une telle composition.
Voici une vidéo en trio avec Thierry Bonneaux (vibraphone /percussions) et Jean-Marc Mandelli ( marimba / percussions).
Danse des Impalas
The starting point of this composition is a traditional african clave in 5/8, showed to me by the african musician Ray Lema.
Then, the composition is freely developped, using other metrics (3/4 and 11/8).
As often, using unusual metrics inspired gave me new melodic ideas.
The specific instrumentation of French Keys (piano, vibraphone, marimba) is well adapted to play such compositions.
Here is a video featuring Thierry Bonneaux ( vibraphone / percussion, Jean-Marc Mandelli (marimba / percussion), and myself (piano).
Pour faire comprendre certains axes de mon travail de compositeur, j'ai souvent utilisé l'expression "Harmoniser les rythmes et rythmer les harmonies".
Bien sûr, ce n'est qu'une formule permettant en peu de mots de donner une idée d'une chose plus complexe.
Mais, si Harmoniser les rythmes peut se comprendre relativement facilement,
que signifie dans ce contexte Rythmer les harmonies ?
Voici un exemple simple tiré de ma composition Sur Huit Notes ( CD Lueurs Bleues).
Dans cette composition, j'ai choisi de construire les harmonies à partir de la gamme suivante :
C'est une gamme assez inhabituelle, sans lien avec une tonalité définie.
Le procédé utilisé ici pour la construction des harmonies est assez similaire à celui utilisé habituellement avec la gamme majeure. Avec cette gamme, on construit habituellement les harmonies par sauts de 2 degrés :
Dans le cas de Sur Huit Notes ,les harmonies sont construites par sauts de 2 puis 3 degrés. Ce "rythme"(2 / 3), opposé au rythme des 8 notes de la gamme, permet ici d'obtenir des harmonies relativement familières, même si leur succession, elle, est inhabituelle.
Pour l'écriture du thème (à partir de la mesure 5, dans l'exemple suivant), j'ai utilisé cette progression harmonique, dans la partie de main gauche, avec des renversements "ouverts".
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